Siara, au bout de plusieurs jours de marches sans aucune pose, avait décidé de s'arrêter dans la prairie de Nardura. Des hauts le cœur l’assaillaient à chaque instant, rien qu’à l’idée de savoir qu’elle se trouvait en territoire féerique. Néanmoins, elle était trop fatiguée pour faire des manières. Dès qu'elle était arrivée sur place et avait vu le calme qui y régnait, elle s'était décidée. De toute façon, il était trop tard pour faire demi tour. Elle passerait la nuit ici, aucun doute là dessus. La jeune fille posa alors d'un geste nonchalant son sac et observa avec un peu plus d’attention ce qui se passait autour d’elle. Rien ne semblait déranger la tranquillité environnante et écoeurante des lieux. Il était temps de rompre tout ceci. La mage dégaina d'un geste expert son épée du fourreau dans lequel elle était rangée. Elle esquissa un faible sourire, fixant l'horizon et commença son entraînement. Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas pus se servir de son arme et elle comptait bien rattraper ce retard.
Elle ne semblait nullement fatiguée au fil des heures et reportait à chaque fois le moment où elle devrait inévitablement s'arrêter pour se reposer. La maître ultime sentait la sueur perler sur son front et ne prenait pas la peine de l'essuyer. A quoi bon ? Dans une heure, d'autres suivraient après tout. Lorsqu'elle atteignit enfin ses limites, elle s'allongea sur l'herbe fraîche, à bout de force. Elle tenait cependant toujours aussi fermement le pommeau de son épée, ses doigts semblant accrochés obstinément à l'arme. Haletant, la jeune fille sentait sa poitrine se soulever à chacune de ses respirations. La nuit était déjà tombée et les étoiles apparaissaient peu à peu dans le ciel, l'éclairant de leur pâle lumière.
La fatigue la gagnant, Elenoy ferma les yeux pour se calmer quelques instants. Mais elle sombra vite dans le sommeil dont elle avait tant besoin. Elle aurait pu rester ainsi longtemps si un bruit n'avait pas éveillé son attention. Elle se réveilla en sursaut, mettant fin à son repos. Elle devait rester aux aguets, elle le savait bien. Se trouvant en territoire ennemi, elle prenait un risque considérable. La jeune fille se releva d'un coup vif et fixa les alentours. Restant sur ses gardes, elle se baissa lentement pour prendre son arme qui était restée près d'elle. Elle se redressa alors tout aussi discrètement et attendit.
- Qui êtes-vous ? Lança-t-elle complètement à l'aveuglette.
C'est alors que cette présence étrange se manifesta, juste dans son dos. Siara se retourna alors en brandissant son épée. Elle fut surprise d'entendre un bruit de lames s'entrechoquer et de sentir une résistance. Comprenant son erreur, elle se recula de quelques pas pour être à distance. Dans le noir, elle avait peine à distinguer la personne qui était devant elle et resta donc sur ses gardes, attendant qu’il réponde à la question qu’elle avait précédemment posée.